Dans mes premières années à Montréal, conteur débutant, je croisais souvent dans les rues des gens un peu étranges, en cela qu’ils avançaient en discourant, en parlant dans le vide sans grand volume, mais avec une rare conviction et une grande concentration. Ces gens-là, je les reconnaissais : des conteurs, que je côtoyais chaque dimanche et qui, durant la semaine, révisaient leurs histoires. Et tant pis si ça leur donnait l’air fou : l’une des premières étapes pour arriver à conter, c’est de se défaire de la peur du ridicule.
J’ai appris à faire de même, à « marcher mes histoires ». C’était d’abord beaucoup une question de mémorisation – « on apprend par les pieds », disait Jean-Sébastien Dubé sur son blogue. À la longue, pas à pas, j’ai découvert toute l’utilité de la marche – non seulement pour ceux qui racontent, mais pour ceux qui écrivent et qui créent en général.
[lire le reste…]