• Skip to main content
  • Skip to footer
  • à venir: atelier sur le personnage à Sherbrooke en mars 2025
  • ateliers
    • prochains ateliers
    • ateliers sur demande
  • services
    • consultation individuelle
    • analyse de texte avec consultation
    • aide pour demande de bourse
  • outils
    • l’échafaudage
    • la feuille de temps
    • références utiles
  • textes
  • à propos
  • contact
  •  

des histoires qui marchent

parce que l’écriture, c’est pas sorcier (sauf quand ça l’est)

classé sous: conseils pratiques · 7 novembre 2019

Des auteurs qui marchent

Dans mes premières années à Montréal, conteur débutant, je croisais souvent dans les rues des gens un peu étranges, en cela qu’ils avançaient en discourant, en parlant dans le vide sans grand volume, mais avec une rare conviction et une grande concentration. Ces gens-là, je les reconnaissais : des conteurs, que je côtoyais chaque dimanche et qui, durant la semaine, révisaient leurs histoires. Et tant pis si ça leur donnait l’air fou : l’une des premières étapes pour arriver à conter, c’est de se défaire de la peur du ridicule.

J’ai appris à faire de même, à « marcher mes histoires ». C’était d’abord beaucoup une question de mémorisation – « on apprend par les pieds », disait Jean-Sébastien Dubé sur son blogue. À la longue, pas à pas, j’ai découvert toute l’utilité de la marche – non seulement pour ceux qui racontent, mais pour ceux qui écrivent et qui créent en général.

On l’a souvent dit : on devient conteur en contant (ou en disant, ou « en dix ans » selon certains, mais c’est une autre histoire), on devient écrivain en écrivant. Rien ne bat la pratique. Mais parfois, à s’atteler à son ordinateur, ou à suer au-dessus d’une page blanche, à s’acharner à se tailler un chemin mot par mot à travers un territoire broussailleux, on s’épuise, on se nuit. À toujours attaquer le problème à partir de son siège, on l’attaque toujours du même angle. La marche devient alors une forme de retraite stratégique. En partant marcher, on se donne de la distance, et du répit. Il fait bon s’égarer de temps à autre, tourner autour du problème de loin, sans trop le regarder. Puis on y revient et, souvent, une nouvelle approche s’offre à nous : un angle plus fructueux.

Ce n’est pas unique à la marche. Il peut suffire d’aller faire la vaisselle, de prendre une douche : n’importe quelle activité qui demande peu de concentration et qui permet donc à l’esprit de vagabonder.

Si j’apprécie particulièrement la marche, c’est pour le contraste qu’elle apporte. On troque l’intérieur pour le plein air, l’assis pour le debout, l’immobilité pour le mouvement. On active des muscles qui menacent de s’atrophier autrement. (Je suis paresseux et ma chaise de bureau est munie de roulettes : il existe un danger que je me mette à passer mes grandes journées sans jamais utiliser mes jambes.)

La marche est aussi une occasion d’observation. Pour en tirer le plein bénéfice, il faut y mettre un effort conscient. C’est trop facile d’avancer sur le pilote automatique, de consulter son téléphone, de voir sans regarder. Il s’agit de s’entraîner : regarder partout, remarquer ce qu’on ne remarque pas d’habitude. On peut trouver des éléments ou pistes d’histoires dans l’expression des gens que l’on croise, dans l’état des maisons et la décoration des terrains, dans l’urgence d’une sirène lointaine, dans le dessin des craquelures du trottoir…

On peut saisir ce qui vient : s’abandonner aux plaisirs de la dérive, et ainsi faire le plein d’images imprévues. On peut aussi chercher dans un but précis. Marcher en essayant de regarder avec les yeux de l’héroïne de notre projet actuel : que remarquerait-elle, quelle serait son opinion sur chacun des passants aperçus? On peut aussi choisir le terrain : aller marcher dans le quartier où elle habite, ou dans sa ville natale, ou suivre le trajet qu’elle emprunte pour aller travailler chaque matin. Ce faisant, on peut identifier de bons détails pour nourrir nos descriptions, mais il y a plus. En étudiant son environnement, on peut en apprendre long sur elle. On peut identifier des éléments qui l’influencent, la contraignent, la contrarient – qui forment son caractère. Comment interagit-elle avec cet environnement? Est-elle du genre à emprunter des raccourcis, voire en s’en créer? à parler à ceux qu’elle croise? à en éviter certains? à aimer, mépriser, ou étudier ce qui l’entoure? Comme le disait le proverbe : si vous voulez connaître vos personnages, marchez quelques kilomètres dans leurs souliers.

J’entrevois aussi des bénéfices plus nébuleux mais non moins réels. Question de souliers, justement : à écrire, on se heurte à des problèmes philosophiques, on s’immerge dans des mondes déroutants, on ressent une foule d’émotions disparates – on risque de s’en trouver dérouté, « à côté de ses souliers ». En enfilant ses souliers et en sortant marcher, on s’offre un temps et un espace où se détendre et reprendre contact avec la réalité.

Rien de révolutionnaire dans tout ceci, rien que vous ne saviez pas déjà, j’imagine, mais il arrive qu’on ait besoin d’un rappel. Parfois, la meilleure manière d’avancer dans son écriture est de s’en éloigner pour avancer sur un autre terrain.

mots-clés: blocages, conte, créativité, marche, processus

Footer

Pour toutes questions, n’hésitez pas à m’écrire!

Quelques textes pour vous

  • conseils pratiques
  • étude de cas
  • récit
  • réflexions

Nouveau!

  • à venir: atelier sur le personnage à Sherbrooke en mars 2025
  • la feuille de temps pour 2025

panier

pour ne rien manquer…

Inscrivez-vous à mon infolettre, un chalet sur la lune, pour vous tenir au courant des prochains ateliers... et recevoir des réflexions sur l'écriture, des nouvelles de mes publications, de brèves fictions parfois, et une nouvelle inédite en cadeau dès votre inscription.

[Twitter]    [Facebook]

Photos d'auteur par Jean-François Dupuis; image d'horlogerie en page d'accueil créée à partir de cette photo prise par Shane Lin sous license Creative Commons BY-SA 2.0

Copyright © 2025 · thème basé sur Workstation Pro dhqm (Genesis Framework) · WordPress