C’est à l’été 2002 que je suis devenu travailleur autonome. Depuis ce temps, j’ai passé beaucoup d’heures à la maison devant mon ordinateur et j’ai dû trouver des manières d’y être productif. Au cas où vous auriez à travailler à la maison vous aussi — à cause d’une quelconque circonstance –, j’ai décidé de partager quelques trucs et approches qui m’ont bien servi jusqu’ici. Il n’y a probablement rien ici que vous ne trouverez pas ailleurs, mais si vous ne l’avez pas encore vu ailleurs, alors ça pourrait vous aider.
Commencer par l’essentiel
Ma première tâche professionnelle de la journée est d’écrire. J’ai déjà été un oiseau de nuit, martelant le clavier passé minuit tel un lunatique de cinéma malmenant un orgue d’église pour en tirer quelque concerto maudit. Plus maintenant — ou moins souvent, en tout cas. Peu importe ce que j’ai d’autre sur la planche, je commence ma journée par une séance d’écriture substantielle. Je n’y arrive pas toujours, mais j’essaie de ne pas y déroger à moins d’une réelle urgence. Ainsi, peu importe ce qui se passe dans le reste de la journée, j’aurai écrit, j’aurai progressé dans mes histoires.
Réduire les interruptions (I- le courriel)
Comme je viens de le dire, je commence par l’écriture. Je prends rarement mes courriels avant 11h. C’est un luxe, je le reconnais: compte tenu de mes principales occupations, il n’arrive presque jamais rien de si urgent que ça ne puisse pas attendre jusque là. (Si j’ai déjà un dossier pressant en cours, alors je prends mes courriels plus tôt, au cas où.) Par la suite, je garde mon logiciel de courriel ouvert, mais j’ai réduit la fréquence à laquelle il vérifie mes messages. Pour mon adresse professionnelle: aux demi-heures. Pour mon adresse personnelle: aux heures. Parfois quelqu’un envoie une question, puis écrit de nouveau dix minutes plus tard après avoir trouvé la réponse sans mon aide. Avec un peu de chance, je découvre les deux messages en même temps et n’ai pas à y consacrer la moindre énergie. Ici aussi, il faut être ouvert aux exceptions: j’ajuste la fréquence si j’ai à me charger d’un dossier qui bouge vite.
Écarter les distractions
Face à une tâche ardue, c’est facile de tomber dans l’évitement en consultant Twitter, ou Facebook, ou les nouvelles, ou… vous comprenez le principe. J’utilise une extension pour Firefox appelée LeechBlock (aussi disponible pour Chrome) qui me permet de bloquer l’accès à certains sites web pour certaines périodes. L’outil est flexible: on peut mettre en place une multitude de règles bien précises. Avant 11h30, je bloque presque tout sauf les quelques sites qui m’aident réellement à travailler, à écrire surtout: la Banque de dépannage linguistique, le Grand dictionnaire terminologique, etc. Je bloque YouTube jusqu’à 20h et certains sites de jeux vidéo en permanence (chacun ses vices). On peut rendre ces blocages plus ou moins stricts. Dans mon cas, ils sont faciles à contourner, mais pour le faire, je dois tout de même exercer un effort conscient et ça suffit généralement à me dissuader, à me rappeler à l’ordre. (Je rappelle que d’installer une extension peut comporter des risques; cela dit, celle-ci est largement utilisée, bien cotée et offerte directement sur le site de Mozilla qui effectue un minimum de vérifications.)
Gérer ses heures et structurer ses journées
C’est facile de s’égarer quand on travaille là où l’on vit, et d’autant plus quand on utilise un même ordinateur autant pour écrire que pour se divertir. On risque de déraper, de louvoyer sans cesse entre le professionnel et le personnel. Vous imaginez essayer d’écrire un roman dans un bar où se trouve la moitié de vos amis? Avec un ordinateur portable, on peut changer de pièce pour avoir un endroit où travailler et un endroit où se changer les idées. Mon ordinateur est une grosse tour noire pas très portable alors je dois tout faire dans la pièce où il se trouve.
C’est donc mentalement que j’essaie d’établir une démarcation. Pour ce faire, je trouve utile de:
- Tenir une feuille de temps (je vous en offre un modèle ici).
- Choisir très consciemment si je m’apprête à travailler ou à me divertir, puis ne pas y déroger à moins d’un autre choix également conscient.
- Me réserver une plage sans travail à la fin de la journée, histoire de ne pas aller me coucher alors que le cerveau me bourdonne encore.
Réduire les interruptions (II- l’entourage)
Quand je me lance dans une tâche qui nécessite beaucoup de concentration (comme, par exemple, écrire de la fantasy uchronique), je ferme la porte. Ma conjointe connaît le signal et évite alors de m’interrompre à moins que quelque chose nécessite mon attention sans tarder. La porte fermée me sert de rappel par la même occasion: je dois m’appliquer. (J’ai la chance d’avoir une fenêtre offrant une vue passable, ce qui m’évite de me sentir trop enfermé. Parfois il y a un oiseau. Souvent c’est une corneille. Souvent sur la même branche. Possiblement la même corneille. Pourquoi choisit-elle une branche avec vue sur mon bureau? Peut-être vaudrait-il mieux que je ferme les stores aussi…)
Savoir se donner du répit
Ce n’est pas en fixant l’écran durant des heures sans cligner des yeux qu’on trouve toutes les solutions à ses problèmes — je le sais, j’ai essayé. On gagne à se lever périodiquement, à s’étirer, à se reposer les yeux (j’écris ceci en étant bien conscient que je ne le fais plus assez).
On gagne aussi à identifier quand on a atteint un point où ça ne sert à rien de s’acharner davantage: face à la fatigue ou au manque d’inspiration, il vaut parfois mieux capituler pour revenir lorsqu’on sera mieux disposé.
Apprendre à se connaître
Certaines tâches nous épuisent plus que d’autres. Certaines nous épuisent différemment: nous demandent plus d’énergie, ou de concentration, ou d’effort émotionnel. Il peut s’avérer que divers moments de la journée se prêtent mieux à un type de tâche plus qu’à un autre. En étant à l’écoute de soi, on peut en venir à identifier les rythmes et les habitudes qui nous conviennent le mieux. C’est un long processus et on ne finit probablement jamais d’ajuster, mais petit à petit on arrive à travailler plus efficacement et plus sainement.
Il faut se connaître pour trouver sa voie, et justement, je ne vous connais pas. Je vous ai présenté ici ce qui fonctionne pour moi: rien ne garantit que ça fonctionnera pour vous. Ne vous gênez pas pour laisser un commentaire et partager vos propres trucs si vous en avez de bons.
Un dernier truc: évitez de passer tout votre temps à lire des articles qui vous disent comment être plus productif. Permettez-vous en… disons un par jour, pas plus. Ce qui signifie que vous venez de lire votre unique article pour la journée, d’ailleurs. Mettez-vous au boulot, maintenant…