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des histoires qui marchent

parce que l’écriture, c’est pas sorcier (sauf quand ça l’est)

classé sous: réflexions · 1 novembre 2008

Pourquoi l’horreur?

Ce billet a paru à l’origine sur le blogue Fractale Framboise et est reproduit ici à peu près tel quel (au plus, j’ai mis à jour certains liens ou corrigé une faute). Notez bien la date de publication ci-dessus: il se peut que certaines des informations présentées dans le texte ne soient plus très actuelles, même si le fond demeure pertinent.

Je les ai entendus piailler vers 14h15. Par la fenêtre de la cuisine, j’apercevais tout juste leurs têtes qui défilaient – masquées, maquillées – et parfois un adulte avec eux, déguisé lui aussi. Des enfants du primaire, en longue file grouillante, qui descendaient la côte; une horde colorée ponctuée d’occasionnels chapeaux de sorcières bien pointus.

J’étais prêt. Noël m’énerve mais j’aime bien l’Halloween: les riches nuances de l’automne, les arbres qui deviennent squelettiques, le goût du macabre que l’on se permet d’exprimer. Hier, j’ai guetté du coin de l’oeil ces enfants qui ont défilé pendant ce qui m’a paru cinq minutes pleines. Ils étaient, quoi, deux cents, trois cents? J’avais acheté amplement de bonbons, mais j’ai eu un doute: et s’ils venaient tous sonner chez moi? Depuis cet été, j’habite dans une maison, dans un quartier résidentiel, et je tenais à faire ma part en engraissant les enfants des voisins.

Fausse alerte. J’étais prêt pour une invasion et presque personne n’est venu. Ma douce et moi avons mangé plus de bonbons que nous en avons donné, je crois. Et cette horde costumée qu’on a fait parader sous nos yeux, qu’est-elle devenue? Je n’en ai pas vu la tête: peut-être y avait-il à l’avant quelque flûtiste difforme et aveugle qui a guidé tout ce beau monde jusque dans un gouffre ténébreux sous le mont Bellevue. On verra bien, lundi matin, s’il y a moins d’enfants que d’habitude sur le chemin de l’école. Je parlerai aux voisins; peut-être me donnera-t-on une explication plus simple. Un tel calme est-il typique du quartier, ou de Sherbrooke, ou de l’ère post-11-septembre? L’atmosphère était propice, pourtant: de mon bureau, j’ai pu contempler ces derniers temps une belle flambée de couleurs parmi les arbres en contrebas, et ce matin encore, des corneilles d’un beau noir d’encre se disputaient dans notre pelouse, ou récitaient du Poe, qu’en sais-je.

Je me console en lisant du King, en bouffant du chocolat, en regardant le vidéo de «Thriller» sur le web. En songeant à l’histoire pleine de fantômes sur laquelle je travaille. Mon roman est enfin en librairie, et je suis content de savoir que peut-être en ce moment-même quelqu’un le lit et en tire un petit frisson, et sursautera la prochaine fois qu’un arbre s’agitera sur son passage.

Jusqu’ici, j’ai donné trois entrevues par rapport à ce roman. On ne m’a pas encore posé cette question qui revient tôt ou tard: pourquoi écrire des choses horribles? J’y songe, tout de même. Ce qui me frappe, par rapport à la littérature mais aussi l’Halloween, c’est qu’il y a là une forme de partage ou de communion. L’Halloween est une activité communautaire: on évoque des peurs, on décore tout d’araignées et de chauves-souris, puis on parcourt ce décor ensemble. (Je sais, il y a tout un aspect gourmand et commercial, mais la peur n’a pas été entièrement évacuée de l’événement.) Quand on écrit de l’horreur, on partage: on épingle sur papier quelques idées grouillantes en on tend le résultat au lecteur en disant «Voici ce qui me fait peur». Le lecteur lit, partage la peur que vivent les personnages, et se dit «Oui, voilà, j’ai peur de ça moi aussi». On se définit par ses rêves mais aussi par ses peurs, et c’est rassurant de savoir que l’on n’est pas seul à couver une crainte bien précise.

Plus généralement, je dirais que la littérature doit traiter de l’expérience humaine jusque dans tous ses recoins. C’est à ça qu’elle sert, non? La terreur vaut la peine d’être explorée pour arriver à une meilleure compréhension de nous-mêmes. L’être humain est un animal complexe et bizarre, alors il faut bien recourir à des outils variés et également bizarres pour l’étudier. J’aime aussi la manière dont l’horreur peut servir de pont vers l’extraordinaire: comme dans les écrits de Clive Barker, par exemple, où l’horrible atteint parfois des proportions grandioses et glorieuses, et où l’on découvre des images tout à fait inoubliables.

Et au cas où je vous paraîtrais trop sérieux ici, voire prétentieux, je termine sur un argument non moins valable: le plaisir. On a beau rationaliser tant qu’on peut, il reste le plaisir, de toute façon. J’adore lire et écrire des histoires effrayantes. Si je me sens déprimé ou stressé, je n’ai qu’à lire un texte comme «Usher II» de Ray Bradbury — une lettre d’amour à la littérature d’horreur, avec une prose imagée et un petit côté franchement sadique — et je me sens mieux.

Voilà où j’en suis dans mes réflexions. Le sujet n’est pas nouveau et je ne prétends pas détenir des arguments très originaux, mais c’est bon de réfléchir à de telles choses par un beau samedi d’automne, un lendemain d’Halloween. Bon automne à tous, et bonnes lectures.

mots-clés: Fractale Framboise, genres, horreur, pourquoi

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Photos d'auteur par Jean-François Dupuis; image d'horlogerie en page d'accueil créée à partir de cette photo prise par Shane Lin sous license Creative Commons BY-SA 2.0

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